Quoiqu’il n’y ait plus de grandes écoles littéraires dans
l’après-guerre, on peut qualifier les oeuvres dans la période 1945-1955 comme
existentialistes. Au début, l’existentialisme est plutôt un mouvement
philosophique que littéraire. Il est le produit d’un climat négatif et
pessimiste qui s’est constitué sous l’influence de divers éléments : la crise
économique en 1929, la guerre destructive, l’angoisse et les progrès techniques
qui réduisent l’individu à un individu producteur.
Les écrivains ne
croient plus à un homme idéal, gouverné par des valeurs morales. L’homme est
jeté sans raison dans un monde qui n’a pas de sens. Ils ne peuvent que se
raccrocher à leur propre existence individuelle. La solitude de leurs héros est
absolue : ils ne participent ni à la société, ni à l’histoire.
Dans l’existentialisme il y a en
gros deux tendances:
1) Celle qui met en valeur l’absurdité de la vie.
■Les
ouvrages de Jean-Paul Sartre: Le mur, La nausée,
Les Mouches, Huis Clos, Les Mains sales…
■Certains livres d’Albert Camus: L’Étranger,
Le mythe de Sisyphe.
2) Celle
qui met en valeur la solidarité, l’engagement, le service social qui peut surmonter l’absurdité
originelle de la vie.
■Le féminisme de Simone de Beauvoir: Mémoires
d’une jeune fille rangée, Le deuxième sexe.
■D’autres
livres d’Albert Camus: La Peste, L’homme révolté.
"Il y a eu dans ma vie une réussite certaine: mes
rapports avec Sartre. En plus de trente ans nous ne nous sommes endormis qu'un
seul soir désunis. Ce long jumelage n'a pas atténué l'intérêt que nous prenons
à nos conversations; nous disposons pour saisir le monde des mêmes
instruments, des mêmes schèmes, des mêmes clefs: très souvent l'un achève la
phrase commencée par l'autre; si on nous pose une question il nous arrive de
formuler ensemble des réponses identiques. Nous ne nous étonnons plus de
nous rencontrer dans nos inventions mêmes; j'ai lu des réflexions notées par
Sartre vers 1952 et que j'ignorais; j'y ai découvert des passages qui se
retrouvent, presque mot pour mot, dans mes Mémoires, écrits près de dix ans
plus tard. Nos tempéraments, nos orientations, nos choix antérieurs demeurent
différents et nos oeuvres se ressemblent peu. Mais elles poussent sur un même
terreau." (La force des choses)
"Ce n'est pas un hasard si c'est Sartre que j'ai
choisi: car enfin je l'ai choisi. Je l'ai suivi avec allégresse parce qu'il
m'entraînait dans les chemins où je voulais aller; plus tard, nous avons
toujours discuté ensemble notre route. Reste que philosophiquement,
politiquement, les initiatives sont venues de lui. Sartre est idéologiquement
créateur, moi pas; acculé par là à des options politiques, il en a approfondi
les raisons plus que je n'étais intéressée à la faire: c'est en refusant de
reconnaître ces supériorités que j'aurais trahi ma liberté; je me serais butée
dans la lutte des sexes et qui est le contraire de l'honnêteté intellectuelle.
Mon indépendance, je l'ai sauvegardée car jamais je ne me suis déchargée sur
Sartre de mes responsabilités: je n'ai adhéré à aucune idée, aucune résolution
sans l'avoir critiquée, et reprise à mon compte." (Ibid)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire