mercredi 14 mai 2014

Le Deuxième Sexe: Analyse


Le feminisme est un thème auquel on revient assez souvent même si on évite de toucher ce sujet, devenu déjà agaçant. Ce qui reste toujours problématique, c’est la définition des femmes: qu’est-ce que c’est qu’une femme? Toutes les femmes diffèrent des hommes elles ont un utérus. Tout de même, certaines femmes ne sont pas définies comme toutes les autres. Il y a deux sexes dans le monde, les femmes n’y sont pas du tout la minorité, il y a un équilibre entre les deux sexes mais on déclare que la féminité est en danger car une femelle humaine n’est pas forcément une femme. Autrefois, on créait des concepts pour indiquer comment doit être la femme. Aujourd’hui, l’idée de caractériser une femme d’une manière quelconque ou de la réduire à une simple chose est rejetée. Les philosophes du nominalisme déclarent que les femmes sont une partie des êtres humains et elles ne sont appelées « femmes » que d’une manière conventionnelle. Selon Dorothy Parker, les hommes autant que les femmes doivent être estimés comme des êtres humains. Et pourtant, les femmes ne sont pas des hommes. Si on rejette le concept féminin, cela ne veut pas dire qu’on rejette la présence des femmes. Enfin, les femmes qui se disent être égales des hommes n’exigent pas moins de respect masculin. Les femmes diffèrent des hommes par de nombreux caractéristiques: les vêtements, le visage, le corps, etc. Peut-être que ces différences vont disparaître plus tard mais pour le moment elles sont bien évidentes.

                                                                   

Le Deuxième Sexe

Paru en 1949, “Le Deuxième Sexe” est l'une des oeuvres majeures de Simone de Beauvoir, ainsi qu'un ouvrage de référence dans le combat des femmes pour la reconnaissance de leurs droits et l'obtention de l'égalité avec les hommes ; il explique également le sens philosophique de ce combat. Si le livre eut du succès dès sa parution, ce n'est qu'à partir de 1970 qu'il connut tout son retentissement, à l'heure où la lutte des femmes prit toute son ampleur, même si certains aspects peuvent paraitre contestables, voire dépassés.
Un terme ambigu qui désigne aussi bien une prédiction sur ce que sera l'avenir, que le caractère risqué et même aléatoire, hasardeux de cette prédiction. II marque souvent une réticence de la part de celui qui l'utilise. De ce fait, Simone de Beauvoir éprouve quelque réticence à prendre à son compte la formule de Rimbaud. Si elle semble en accepter l'aspect libérateur pour la femme, elle se montre très réservée sur le fait que les " mondes d'idées" féminins diffèreront de ceux des hommes.
« La femme se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle; elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le sujet, il est l’Absolu: elle est l’Autre »

 De l’accord des philosophes contemporains, "Le Deuxième Sexe "de Simone De Beauvoir est une œuvre révolutionnaire, car elle est la première féministe qui parvient à justifier ses positions par des thèses philosophiques et historiques. “Le deuxième Sexe” a une influence considérable sur les générations de femmes qui lui ont succédées. De Beauvoir défend la thèse suivante : l’inégalité homme/femme est historiquement et idéologiquement construite. Les femmes doivent reprendre possession de leur destin, non en tant que femme, mais en tant qu’homme comme les autres. Ainsi, la femme ne doit plus être « femme », autrement dit le sexe inférieur, l’Autre, mais un homme.

 Avec la parution de l'ouvrage “Le Deuxième Sexe”, Simone De Beauvoir sonne les heures sollennelles de sa vie. Le livre se vend à plus de 22 000 exemplaires dès la première semaine et occasionne la publication des articles contradictoires de Armand Hoog (contre) et de Francine Bloch (pour) dans la revue La Nef, et fait scandale au point que le Vatican le mette à l'index. François Mauriac, l'ennemi de toujours écrira aux Temps modernes : « à présent, je sais tout sur le vagin de votre patronne ». Le livre est traduit dans plusieurs langues et aux États-Unis, se vend à un million d'exemplaires et nourrit la réflexion des principales théoriciennes du Women's Lib. Simone De Beauvoir devient la figure de proue du féminisme en décrivant une société qui maintient la femme dans une situation d'infériorité. En totale rupture avec l'essentialisme, son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l'anatomie et les traditions fait scandale, et tout particulièrement le chapitre où elle parle de la maternité et de l'avortement, assimilé à un homicide à cette époque. Quant au mariage, elle le considère comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper. En outre, Simone de Beauvoir affirme que l’existence humaine est un jeu ambigu entre la transcendance et l’immanence, mais les hommes ont eu le privilège d’exprimer la transcendance à travers des projets, tandis que les femmes ont été contraintes à la vie répétitive et peu créative de l’immanence. De Beauvoir propose donc d’étudier comment cette relation radicalement inégale a émergé et comment elle se traduit. Il est à noter que Simone De Beauvoir présente "Le Deuxième Sexe" en deux grandes approches.

Le premier livre enquête sur les “Mythes et réalités” relatifs aux femmes générés par les points de vue anthropologique, biologique, psychanalytique, matérialiste, historique et littéraire. Dans chacune de ses analyses, De Beauvoir refuse le monisme causal : aucun d’entre eux ne suffit à expliquer l’oppression de la femme par l’homme, chacun participe dans la construction de la femme comme Autre de l’homme. Ainsi, les différences biologiques: grossesse, allaitement, menstruation etc. contribuent à la différence homme/femme mais ne saurait justifier la hiérarchie homme/femme. La biologie ou l’histoire est toujours interprétée d’un point de vue partial, celui de l’homme.

De Beauvoir analyse ensuite le rôle des mythes dans la construction de cette idéologie de la domination masculine, notamment le mythe de « l’éternel féminin». Ce mythe paradigmatique, qui intègre de multiples mythes de la femme (tels que le mythe de la mère, de la vierge, de la mère patrie, de la nature, etc.) tente de piéger la femme dans un idéal impossible en niant l’individualité et en refusant la singularité des femmes et de leurs situations. Ce mythe de l’éternel féminin a crée un idéal de femme, générant une attente toujours déçue. Les femmes réelles sont ainsi toujours perçues comme des fardeaux, des inachèvements.
--------------------------------------------------------------------

Le second livre commence avec la phrase la plus célèbre de Simone de Beauvoir: “On ne naît pas femme, on le devient“. De Beauvoir cherche à détruire l’essentialisme qui prétend que les femmes sont nées femmes, mais au contraire sont construites telles par l’endoctrinement social. De Beauvoir appuie cette thèse en retraçant l’éducation de la femme depuis son enfance, en passant par son adolescence jusque dans ses relations sexuelles. A chaque étape, Simone De Beauvoir illustre comment les femmes sont forcées d’abandonner leurs revendications à la subjectivité transcendante et authentique au profit d’une acceptation d’un rôle «passif» et «aliéné», laissant à l’homme le rôle actif et subjectif. De Beauvoir étudie les rôles d’épouse, de mère, et de prostituée pour montrer comment les femmes, au lieu de se transcender par le travail et la créativité, sont réduites à des existences monotones, au rôle de mère et de maîtresse domestique et celui de réceptacle sexuel de la libido masculine.

 Cependant, un malentendu commun sur De Beauvoir consiste à croire que la femme n’est plus libre. Il faut se souvenir que De Beauvoir est une philosophe existentialiste, autrement dit qu’elle considère la liberté ontologique des êtres comme absolue: l’homme ne détruit pas la liberté de la femme en objectivant la femme, mais il tente d’en faire un objet. La femme reste une transcendance, transcendée par la transcendance masculine, ou formulée autrement : une transcendance transcendée.

 Néanmoins, et c’est là toute la complexité et subtilité de l’analyse de Simone De Beauvoir, les femmes peuvent être responsables et participées à leur propre suggestions. De Beauvoir distingue ainsi 3 conduites inauthentiques dans lesquelles les femmes fuient leur condition de transcendance pour se fixer dans des croyances et des valeurs pré-déterminées. Ces trois attitudes, formant autant de tableaux sont: la narcissique, l’amoureuse et la mystique. Ces trois catégories ont en commun la fuite de leur liberté au profit de l’objet. Dans le cas de la narcissique, l’objet est elle-même, dans celui de l’amoureuse, son bien-aimé et dans celui de la mystique, l’absolu ou Dieu.

------------------------------------------------------------------------ 

 Bref, Simone De Beauvoir formule en conlusion des recommandations pratiques pour favoriser l’émancipation de la femme. Tout d’abord, elle exige qu’on permette à la femme de transcender à travers ses propres projets. En tant que tel, la femme moderne “se targue de penser, d’agir, de travailler, de créer dans les mêmes conditions que les hommes. Au lieu de chercher à les dénigrer, elle se déclare leur égal”.

Afin d’assurer l’égalité de la femme, Simone de Beauvoir préconise de tels changements dans les structures sociales telles que: la légalisation de la contraception et de l’avortement, la liberté économique de la femme et son indépendance à l’égard de l’homme. En ce qui concerne le mariage, De Beauvoir le voit comme un obstacle à la libération des femmes car il fixe dans une institution les rôles archaïques de mari, patron de la famille et celui de l’épouse, son esclave domestique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire