Le feminisme est un thème auquel on revient assez souvent
même si on évite de toucher ce sujet, devenu déjà agaçant. Ce qui reste
toujours problématique, c’est la définition des femmes: qu’est-ce que c’est
qu’une femme? Toutes les femmes diffèrent des hommes elles ont un utérus. Tout
de même, certaines femmes ne sont pas définies comme toutes les autres. Il y a
deux sexes dans le monde, les femmes n’y sont pas du tout la minorité, il y a
un équilibre entre les deux sexes mais on déclare que la féminité est en danger
car une femelle humaine n’est pas forcément une femme. Autrefois, on créait des
concepts pour indiquer comment doit être la femme. Aujourd’hui, l’idée de
caractériser une femme d’une manière quelconque ou de la réduire à une simple
chose est rejetée. Les philosophes du nominalisme déclarent que les femmes sont
une partie des êtres humains et elles ne sont appelées « femmes » que d’une
manière conventionnelle. Selon Dorothy Parker, les hommes autant que les femmes
doivent être estimés comme des êtres humains. Et pourtant, les femmes ne sont
pas des hommes. Si on rejette le concept féminin, cela ne veut pas dire qu’on
rejette la présence des femmes. Enfin, les femmes qui se disent être égales des
hommes n’exigent pas moins de respect masculin. Les femmes diffèrent des hommes
par de nombreux caractéristiques: les vêtements, le visage, le corps, etc.
Peut-être que ces différences vont disparaître plus tard mais pour le moment
elles sont bien évidentes.
Le Deuxième Sexe
Paru en 1949, “Le Deuxième Sexe” est l'une des oeuvres
majeures de Simone de Beauvoir, ainsi qu'un ouvrage de référence dans le combat
des femmes pour la reconnaissance de leurs droits et l'obtention de l'égalité
avec les hommes ; il explique également le sens philosophique de ce combat. Si
le livre eut du succès dès sa parution, ce n'est qu'à partir de 1970 qu'il
connut tout son retentissement, à l'heure où la lutte des femmes prit toute
son ampleur, même si certains aspects peuvent paraitre contestables, voire
dépassés.
Un terme ambigu qui désigne aussi bien une prédiction sur ce
que sera l'avenir, que le caractère risqué et même aléatoire, hasardeux de cette prédiction. II marque souvent une réticence de la part de
celui qui l'utilise. De ce fait, Simone de Beauvoir éprouve quelque réticence à
prendre à son compte la formule de Rimbaud. Si elle semble en accepter l'aspect
libérateur pour la femme, elle se montre très réservée sur le fait que les
" mondes d'idées" féminins diffèreront de ceux des hommes.
« La femme se détermine et se différencie par rapport à
l’homme et non celui-ci par rapport à elle; elle est l’inessentiel en face de
l’essentiel. Il est le sujet, il est l’Absolu: elle est l’Autre »
De l’accord des
philosophes contemporains, "Le Deuxième Sexe "de Simone De Beauvoir est une œuvre
révolutionnaire, car elle est la première féministe qui parvient à justifier
ses positions par des thèses philosophiques et historiques. “Le deuxième Sexe”
a une influence considérable sur les générations de femmes qui lui ont
succédées. De Beauvoir défend la thèse suivante : l’inégalité homme/femme est
historiquement et idéologiquement construite. Les femmes doivent reprendre
possession de leur destin, non en tant que femme, mais en tant qu’homme comme
les autres. Ainsi, la femme ne doit plus être « femme », autrement dit le sexe
inférieur, l’Autre, mais un homme.
Avec la parution de l'ouvrage “Le Deuxième Sexe”, Simone De Beauvoir sonne les heures sollennelles de sa vie. Le livre se vend à plus de 22
000 exemplaires dès la première semaine et occasionne la publication des
articles contradictoires de Armand Hoog (contre) et de Francine Bloch (pour)
dans la revue La Nef, et fait scandale au point que le Vatican le mette à
l'index. François Mauriac, l'ennemi de toujours écrira aux Temps modernes : « à
présent, je sais tout sur le vagin de votre patronne ». Le livre est traduit
dans plusieurs langues et aux États-Unis, se vend à un million d'exemplaires et
nourrit la réflexion des principales théoriciennes du Women's Lib. Simone De Beauvoir
devient la figure de proue du féminisme en décrivant une société qui maintient
la femme dans une situation d'infériorité. En totale rupture avec
l'essentialisme, son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les
civilisations, les religions, l'anatomie et les traditions fait scandale, et
tout particulièrement le chapitre où elle parle de la maternité et de
l'avortement, assimilé à un homicide à cette époque. Quant au mariage, elle le
considère comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution
lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper. En
outre, Simone de Beauvoir affirme que l’existence humaine est un jeu ambigu
entre la transcendance et l’immanence, mais les hommes ont eu le privilège
d’exprimer la transcendance à travers des projets, tandis que les femmes ont
été contraintes à la vie répétitive et peu créative de l’immanence. De Beauvoir
propose donc d’étudier comment cette relation radicalement inégale a émergé et
comment elle se traduit. Il est à noter que Simone De Beauvoir présente "Le Deuxième Sexe" en deux grandes approches.
Le premier livre enquête sur les “Mythes et réalités” relatifs aux femmes générés par les points de vue anthropologique, biologique, psychanalytique, matérialiste, historique et littéraire. Dans chacune de ses analyses, De Beauvoir refuse le monisme causal : aucun d’entre eux ne suffit à expliquer l’oppression de la femme par l’homme, chacun participe dans la construction de la femme comme Autre de l’homme. Ainsi, les différences biologiques: grossesse, allaitement, menstruation etc. contribuent à la différence homme/femme mais ne saurait justifier la hiérarchie homme/femme. La biologie ou l’histoire est toujours interprétée d’un point de vue partial, celui de l’homme.
De Beauvoir analyse ensuite le rôle des mythes dans la
construction de cette idéologie de la domination masculine, notamment le mythe
de « l’éternel féminin». Ce mythe paradigmatique, qui intègre de multiples
mythes de la femme (tels que le mythe de la mère, de la vierge, de la mère
patrie, de la nature, etc.) tente de piéger la femme dans un idéal impossible
en niant l’individualité et en refusant la singularité des femmes et de leurs
situations. Ce mythe de l’éternel féminin a crée un idéal de femme, générant
une attente toujours déçue. Les femmes réelles sont ainsi toujours perçues
comme des fardeaux, des inachèvements.
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Le second livre commence avec la phrase la plus célèbre de
Simone de Beauvoir: “On ne naît pas femme, on le devient“. De Beauvoir cherche
à détruire l’essentialisme qui prétend que les femmes sont nées femmes, mais au
contraire sont construites telles par l’endoctrinement social. De Beauvoir
appuie cette thèse en retraçant l’éducation de la femme depuis son enfance, en
passant par son adolescence jusque dans ses relations sexuelles. A chaque
étape, Simone De Beauvoir illustre comment les femmes sont forcées d’abandonner
leurs revendications à la subjectivité transcendante et authentique au profit
d’une acceptation d’un rôle «passif» et «aliéné», laissant à l’homme le rôle
actif et subjectif. De Beauvoir étudie les rôles d’épouse, de mère, et de
prostituée pour montrer comment les femmes, au lieu de se transcender par le
travail et la créativité, sont réduites à des existences monotones, au rôle de
mère et de maîtresse domestique et celui de réceptacle sexuel de la libido
masculine.
Cependant, un
malentendu commun sur De Beauvoir consiste à croire que la femme n’est plus
libre. Il faut se souvenir que De Beauvoir est une philosophe existentialiste,
autrement dit qu’elle considère la liberté ontologique des êtres comme absolue:
l’homme ne détruit pas la liberté de la femme en objectivant la femme, mais il
tente d’en faire un objet. La femme reste une transcendance, transcendée par la
transcendance masculine, ou formulée autrement : une transcendance transcendée.
Néanmoins, et c’est
là toute la complexité et subtilité de l’analyse de Simone De Beauvoir, les
femmes peuvent être responsables et participées à leur propre suggestions. De
Beauvoir distingue ainsi 3 conduites inauthentiques dans lesquelles les femmes
fuient leur condition de transcendance pour se fixer dans des croyances et des
valeurs pré-déterminées. Ces trois attitudes, formant autant de tableaux sont:
la narcissique, l’amoureuse et la mystique. Ces trois catégories ont en commun
la fuite de leur liberté au profit de l’objet. Dans le cas de la narcissique,
l’objet est elle-même, dans celui de l’amoureuse, son bien-aimé et dans celui
de la mystique, l’absolu ou Dieu.
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Afin d’assurer l’égalité de la femme, Simone de Beauvoir
préconise de tels changements dans les structures sociales telles que: la
légalisation de la contraception et de l’avortement, la liberté économique de
la femme et son indépendance à l’égard de l’homme. En ce qui concerne le
mariage, De Beauvoir le voit comme un obstacle à la libération des femmes car
il fixe dans une institution les rôles archaïques de mari, patron de la famille
et celui de l’épouse, son esclave domestique.
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