Ils vivaient d'amour et de littérature : Simone de Beauvoir
et Jean-Paul Sartre formaient l'un des couples mythiques et anticonformistes du
XXe siècle. Ils se sont rencontrés dans les
amphithéâtres de la Sorbonne à la fin des années 20. Ils se présentent tous
deux à l’agrégation de philosophie. Sartre est reçu premier de la promotion
1929 et de Beauvoir deuxième. Elle a vingt-et-un ans et lui, vingt-quatre et
leurs destins sont liés pour plus de 50 ans.
La romancière et le philosophe ont partagé leurs vies, leurs
idées et leurs combats, s’inspirant mutuellement et collaborant de manière
fructueuse. Ils ont notamment voyagé dans le monde entier, surtout dans les
pays communistes où ils ont notamment rencontré Mao ou Fidel Castro.
Jamais mariés
Mais la liberté reste le maître-mot de ce couple étonnant
qui va multiplier les aventures sans les cacher à l'autre. Simone de Beauvoir a
ainsi vécu plusieurs relations homosexuelles et une relation passionnée avec
l'écrivain américain Nelson Algren pendant 15 ans.
"Sartre ne peut se concevoir sans Beauvoir, ni Beauvoir
sans Sartre", a cependant déclaré Jean-Paul Sartre qui a multiplié de son
côté les aventures amoureuses. Dans son roman L'Invitée (1943) largement
autobiographique, Simone de Beauvoir raconte le ménage à trois que Sartre et
Beauvoir ont vécu avec Olga Kosakiewitcz.
JALOUSIES ET MENSONGES
Tout faire, mais pour tout se dire ? Ou réinventer,
peut-être, une stratégie de la vérité qui ne soit plus celle des
"salauds" et des "bourgeois" ? Le livre raconte les Olga,
Wanda, Bianca, Nathalie ("J'ai un goût très prononcé pour son corps",
écrit Simone De Beauvoir), convoitées par l'un et l'autre. Il dit, aussi, les liaisons
transatlantiques, les mimétismes, les jalousies, les mensonges. Lorsque Olivier
Todd demande à Sartre comment il s'en sort avec ses femmes, l'auteur des Mots
répond : "Je leur mens ; c'est plus facile, et plus décent."
"Même au Castor ? insiste Todd. Particulièrement au Castor."
Ce qui paraît perturber les lecteurs du récit de Rowley,
c'est bien cela : l'"hypocrisie" de "l'apôtre de la
transparence", sa propre mauvaise foi et, vis-à-vis des autres, cette
manie de singer les sentiments pour mieux railler ensuite. Quant à De Beauvoir,
les contradictions entre Le Deuxième Sexe et sa vie restent ce qui, de ce
côté-ci de l'Atlantique, déroute le plus : son homosexualité passée sous
silence, et toutes ces femmes financièrement dépendantes, intellectuellement
soumises, autant de petits pantins graciles...La vérité, mais pas toute. Un
sentiment amoureux qui, suggère au fond le livre, reste opaque à toute économie
morale. "O charme de mon coeur et de mes yeux, pilier de ma vie, ma
conscience et ma raison. Je t'aime si passionnément, et j'ai besoin de toi."
C'est Sartre dans une lettre à Simone De Beauvoir, en juillet 1938. Tout est dit. .La publication de leur correspondance (Lettres au Castor en 1983 et Lettres à Sartre en 1990) a encore éclairé le couple sous un autre jour, choquant de nombreux admirateurs de leurs combats et de la liberté assumée de leur relation. Le couple ne s'est jamais marié. Sartre est mort en 1980, Simone de Beauvoir en 1986. Ils sont inhumés côte à côte au cimetière du Montparnasse à Paris.
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Enfin, sans renier pour autant son statut d’icône féministe, “Les
Cahiers de Jeunesse” ont voulu restituer à Simone de Beauvoir toute sa
dimension d’écrivain. Ces Cahiers tentent d’éclairer les différents genres dans
lesquels son talent s’est exercé et soulignent un travail d’écriture souvent
méconnu. La publication d’extraits de romans de jeunesse inédits, la découverte
de manuscrits dont l’analyse permet de relire autrement romans, nouvelles et
autobiographies, révèlent la constance d‘une vocation et le souci obstiné de la
solution littéraire adéquate. Refusant les excès du tout biographique, ces
Cahiers offrent néanmoins aux lecteurs des correspondances inédites, qui font
le point sur les relations inventives que Simone de Beauvoir noua avec ses
amours et ses amis. Des entretiens témoignant du désir qu’elle eut toujours de
s’expliquer sur son oeuvre et sur sa vie, et de nombreux articles, publiés dans
des revues ou quotidiens américains et français, illustrent ses engagements.
Ces Cahiers rendent compte des recherches, notamment
anglo-saxonnes, qui ont sorti Simone de Beauvoir de l’ombre sartrienne et lui
ont conféré une stature de philosophe à part entière.
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