Femme de lettres française, Simone de Beauvoir est reconnue
dans le monde entier grâce à son essai féministe intitulé le Deuxième sexe. Sa
relation amoureuse et particulièrement marginale pour l’époque avec le
philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre lui confère un statut particulier de
femme indépendante et totalement libérée.
Le rejet d’un enseignement religieux
Simone Ernestine Marie Bertrand de Beauvoir vient au monde
le 9 janvier 1908, au sein d’une famille catholique relativement aisée. Aînée
d’une famille de deux enfants, elle reçoit une éducation maternelle sévère et
traditionnelle. Enfant, elle étudie à l’Institut Désir, une école catholique.
Elle rejette très tôt ces enseignements en se déclarant totalement athée. Elle
se découvre alors une profonde passion pour la lecture et l’écriture. Dès 1926,
elle s’inscrit à des cours de philosophie dispensés à la Sorbonne. Elle
obtiendra l’agrégation trois ans plus tard avec un résultat plus que
satisfaisant. Elle enseignera sa discipline à Marseille, puis à Rouen et à
Paris. Toutefois, non comblée par cette profession, elle l’abandonne en 1943
pour suivre une carrière littéraire. Son premier roman, l’Invitée, met en scène
des rapports amoureux embrasés par le sentiment de jalousie, au sein d’une
relation tripartite.
En 1929, sa rencontre avec l’existentialiste Jean-Paul Sartre
marque un tournant décisif dans son existence et dans sa conception de la vie.
Tous deux nouent une relation intellectuelle et affective très forte mais ne se
conforment pas à la vie maritale. Ils se refusent en effet à partager le même
toit. Jusqu’à la mort du philosophe, ils vivront ainsi dans l’anticonformisme
le plus total. Les liaisons extérieures font partie intégrante de leur
relation, qui va parfois jusqu’à inclure une tierce personne dans leur jeu
amoureux. Le rapport que Simone de Beauvoir entretient avec son amant illustre
parfaitement ses réflexions sur la position de la femme au sein de la société
et sur le rapport à l’autre en général.
Un écrivain particulièrement engagé
Les idées qui fleurissent dans l’esprit de Simone de
Beauvoir sont marquées très tôt par un fort engagement politique. Dès 1926,
elle intègre un mouvement socialiste. En 1945, Jean-Paul Sartre crée les Temps
modernes, une revue de gauche dans laquelle elle écrira de nombreux articles.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, ses engagements politiques
redoubleront d’intensité.
Une culture du voyage
Dès 1947, Simone de Beauvoir se lance à la découverte du
monde. Elle se rend tout d’abord aux Etats-Unis, où elle rencontrera son amant
Nelson Algren, puis parcourt l’Afrique et l’Europe. En 1955, elle débarque en
Chine. Elle découvre Cuba et le Brésil au début des années 1960, puis séjourne
en URSS. Ses différents périples à l’étranger lui permettent d’enrichir ses
ouvrages, qu’elle ne néglige à aucun moment.
En 1954, son roman les Mandarins remporte le prix Goncourt.
Elle abandonne toutefois le genre romanesque pour se consacrer aux essais et
aux ouvrages autobiographiques. En 1958 paraît Mémoires d’une jeune fille
rangée, suivi de la Force de l’âge et de la Force des choses. À travers cette
fresque autobiographique, elle propose un exemple d’émancipation féminine et
poursuit son étude sur le comportement et la responsabilité des hommes au sein
de la société.
Simone de Beauvoir par elle-même:
"On a forgé de moi deux images. Je suis une folle, une
demi-folle, une excentrique. J'ai les
moeurs les plus dissolues; une communiste racontait, en 45, qu'à Rouen, dans ma
jeunesse, on m'avait vue danser nue sur des tonneaux; j'ai pratiqué tous les
vices avec assiduité, ma vie est un carnaval, etc." (La force des choses)
"Souliers plats, chignon tiré, je suis une cheftaine,
une dame patronnesse, une institutrice (au sens péjoratif que la droite donne à
ce mot). Je passe mon existence dans les livres et devant ma table de travail,
pur cerveau. Rien n'interdit de concilier
les deux portraits. L'essentiel est de
me présenter comme une anormale." (Ibid)
" Économiquement je suis une privilégiée. Certains
censeurs me reprochent cette aisance: des gens de droite, bien entendu; jamais
à gauche on ne fait grief de sa fortune à un homme de gauche, fût-il
milliardaire; on lui sait gré d'être de gauche. L'idéologie marxiste n'a rien à
voir avec la morale évangélique, elle ne réclame à l'individu ni ascèse, ni
dénuement: à vrai dire, elle se fout de sa vie privée." (Ibid)
Une perte qui la tue à petit feu
Simone de Beauvoir est particulièrement affectée par la
perte de Jean-Paul Sartre, son compagnon de plus de trente années , qu’elle
considère avec fatalisme. Elle s’éteint en 1986, à l’âge de 78 ans et reposera au cimetière Montparnasse
à Paris. Écrivain et essayiste, disciple du mouvement existentialiste, Simone
de Beauvoir est considérée comme le précurseur du mouvement féministe français.
Son œuvre fut grandement influencée, et illustrée par sa relation
anticonformiste avec le philosophe Jean-Paul Sartre.
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