mardi 13 mai 2014

La vie et l'oeuvre de Simone De Beauvoir


Femme de lettres française, Simone de Beauvoir est reconnue dans le monde entier grâce à son essai féministe intitulé le Deuxième sexe. Sa relation amoureuse et particulièrement marginale pour l’époque avec le philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre lui confère un statut particulier de femme indépendante et totalement libérée.

Le rejet d’un enseignement religieux

Simone Ernestine Marie Bertrand de Beauvoir vient au monde le 9 janvier 1908, au sein d’une famille catholique relativement aisée. Aînée d’une famille de deux enfants, elle reçoit une éducation maternelle sévère et traditionnelle. Enfant, elle étudie à l’Institut Désir, une école catholique. Elle rejette très tôt ces enseignements en se déclarant totalement athée. Elle se découvre alors une profonde passion pour la lecture et l’écriture. Dès 1926, elle s’inscrit à des cours de philosophie dispensés à la Sorbonne. Elle obtiendra l’agrégation trois ans plus tard avec un résultat plus que satisfaisant. Elle enseignera sa discipline à Marseille, puis à Rouen et à Paris. Toutefois, non comblée par cette profession, elle l’abandonne en 1943 pour suivre une carrière littéraire. Son premier roman, l’Invitée, met en scène des rapports amoureux embrasés par le sentiment de jalousie, au sein d’une relation tripartite.

 Disciple et compagne de Jean-Paul Sartre

En 1929, sa rencontre avec l’existentialiste Jean-Paul Sartre marque un tournant décisif dans son existence et dans sa conception de la vie. Tous deux nouent une relation intellectuelle et affective très forte mais ne se conforment pas à la vie maritale. Ils se refusent en effet à partager le même toit. Jusqu’à la mort du philosophe, ils vivront ainsi dans l’anticonformisme le plus total. Les liaisons extérieures font partie intégrante de leur relation, qui va parfois jusqu’à inclure une tierce personne dans leur jeu amoureux. Le rapport que Simone de Beauvoir entretient avec son amant illustre parfaitement ses réflexions sur la position de la femme au sein de la société et sur le rapport à l’autre en général. 

Un écrivain particulièrement engagé

Les idées qui fleurissent dans l’esprit de Simone de Beauvoir sont marquées très tôt par un fort engagement politique. Dès 1926, elle intègre un mouvement socialiste. En 1945, Jean-Paul Sartre crée les Temps modernes, une revue de gauche dans laquelle elle écrira de nombreux articles. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, ses engagements politiques redoubleront d’intensité.

 Elle fait preuve également d’un engagement très prononcé envers la condition féminine. En 1949, elle publie un essai intitulé le Deuxième sexe. Dans des considérations toujours proches de l’existentialisme, elle prône la libération et l’émancipation de la femme dans la société. À travers une étude historique, scientifique, sociologique et littéraire, elle tente de démontrer à quel point la femme est aliénée par l’homme. L’unique moyen de s’y soustraire serait alors d’acquérir une indépendance totale. Cet ouvrage scandalise la haute société mais sera soutenu par Lévi-Strauss et deviendra le socle des premiers mouvements féministes.

Une culture du voyage

Dès 1947, Simone de Beauvoir se lance à la découverte du monde. Elle se rend tout d’abord aux Etats-Unis, où elle rencontrera son amant Nelson Algren, puis parcourt l’Afrique et l’Europe. En 1955, elle débarque en Chine. Elle découvre Cuba et le Brésil au début des années 1960, puis séjourne en URSS. Ses différents périples à l’étranger lui permettent d’enrichir ses ouvrages, qu’elle ne néglige à aucun moment.
En 1954, son roman les Mandarins remporte le prix Goncourt. Elle abandonne toutefois le genre romanesque pour se consacrer aux essais et aux ouvrages autobiographiques. En 1958 paraît Mémoires d’une jeune fille rangée, suivi de la Force de l’âge et de la Force des choses. À travers cette fresque autobiographique, elle propose un exemple d’émancipation féminine et poursuit son étude sur le comportement et la responsabilité des hommes au sein de la société.




Simone de Beauvoir par elle-même:

"On a forgé de moi deux images. Je suis une folle, une demi-folle, une excentrique.  J'ai les moeurs les plus dissolues; une communiste racontait, en 45, qu'à Rouen, dans ma jeunesse, on m'avait vue danser nue sur des tonneaux; j'ai pratiqué tous les vices avec assiduité, ma vie est un carnaval, etc." (La force des choses)

"Souliers plats, chignon tiré, je suis une cheftaine, une dame patronnesse, une institutrice (au sens péjoratif que la droite donne à ce mot). Je passe mon existence dans les livres et devant ma table de travail, pur cerveau.  Rien n'interdit de concilier les deux portraits.  L'essentiel est de me présenter comme une anormale." (Ibid)

" Économiquement je suis une privilégiée. Certains censeurs me reprochent cette aisance: des gens de droite, bien entendu; jamais à gauche on ne fait grief de sa fortune à un homme de gauche, fût-il milliardaire; on lui sait gré d'être de gauche. L'idéologie marxiste n'a rien à voir avec la morale évangélique, elle ne réclame à l'individu ni ascèse, ni dénuement: à vrai dire, elle se fout de sa vie privée." (Ibid)


Une perte qui la tue à petit feu

Simone de Beauvoir est particulièrement affectée par la perte de Jean-Paul Sartre, son compagnon de plus de trente années , qu’elle considère avec fatalisme. Elle s’éteint en 1986, à l’âge de  78 ans et reposera au cimetière Montparnasse à Paris. Écrivain et essayiste, disciple du mouvement existentialiste, Simone de Beauvoir est considérée comme le précurseur du mouvement féministe français. Son œuvre fut grandement influencée, et illustrée par sa relation anticonformiste avec le philosophe Jean-Paul Sartre.

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