L’être en-soi et l’être
pour-soi
Dans L’Être et le Néant, Sartre s’interroge sur les
modalités de l’être. Il en distingue trois : l’être en-soi, l’être pour-soi et
l’être pour autrui. L’être en-soi, c’est la manière d’être de ce qui "est
ce qu’il est", par exemple l’objet inanimé "est" par nature de
manière absolue, sans nuance en unique. L’être pour-soi est l’être par lequel le
néant vient au monde (de l’en soi). C’est l’être de la conscience, toujours
ailleurs que là où on l’attend : c’est précisément cet ailleurs, ce qu’il n’est
pas qui constitue son être, qui n’est d’ailleurs rien d’autre que ce non être.
L’être pour-autrui est lié au regard d’autrui qui, pour le dire vite,
transforme le pour soi en soi.
L’homme, se distingue de l’objet, en ce qu’il a conscience
d’être, conscience de sa propre existence. Cette conscience crée une distance
entre l’homme qui est et l’homme qui prend conscience d’être. Or toute
conscience est conscience de quelque chose (idée d’intentionnalité reprise de
Husserl). L’Homme est donc fondamentalement ouvert sur le monde, « incomplet »,
« tourné vers », existant (projeté hors de soi) : il y a en lui un néant, un «
trou dans l’être » susceptible de recevoir les objets du monde.
L’existence précède l’essence
Alors que l’artefact est conçu dans un objectif précis, son
essence (l’essence du verre est de contenir un liquide), l’être humain existe
sans que soit encore définie sa fonction, son essence. C’est ainsi que, pour
Sartre et les existentialistes, « l’existence précède l’essence ».
Liberté et aliénation
Selon Sartre, l’homme est ainsi libre de choisir son
essence. Pour lui, contrairement à Hegel, il n’y a pas d’essence déterminée,
l’essence est librement choisie par l’existant. L’Homme est absolument libre,
il n’est rien d’autre que ce qu’il fait de sa vie, il est un projet. Sartre
nomme ce dépassement d’une situation présente par un projet à venir, la
transcendance.
L’existentialisme de Sartre s’oppose ainsi au déterminisme
qui stipule que l’homme est le jouet de circonstances dont il n’est pas maître.
Sartre estime que l’homme choisit parmi les événements de sa vie, les
circonstances qu’il décidera déterminantes.
L’existentialisme de Sartre est athée, c’est-à-dire que,
pour lui, Dieu n’existe pas (ou en tout cas « s’il existait cela ne changerait
rien »), donc l’homme est seul source de valeur et de moralité ; il est
condamné à inventer sa propre morale et libre de la définir. Le critère de la
morale ne se trouve pas au niveau des « maximes » (Kant) mais des « actes ». La
« mauvaise foi », sur un plan pratique, consiste à dire : « c’est l’intention
qui compte ».
Auteur prolifique, Sartre laisse derrière lui une œuvre
titanesque, sous forme de romans, d’essais, de pièces de théâtre, d’écrits
philosophiques ou de biographies. Sa philosophie a marqué l’après-guerre, et il
reste le symbole, l’archétype de l’intellectuel engagé. De son engagement dans
la résistance, en 1941, jusqu’à sa mort, en 1980, Sartre n’a cessé de défrayer
la chronique. Il fut en effet dans tous les combats, pleinement et totalement
engagé de son époque, embrassant avec ferveur toutes les causes qui lui ont
semblé justes.