Si le chemin qui mène à la vraie philosophie ne peut être
parcouru sans que l'on ait surmonté l'erreur fondamentale, et si celui qui ne
s'en est pas consciemment débarrassé retombe toujours à nouveau dans cette
erreur, l'œuvre de Descartes durera à jamais, bien qu'on en ait découvert les
dessous. Il faut connaître cette œuvre pour faire de la philosophie, autrement
on ne serait pas protégé contre ces illusions et ces apparences si séduisantes
dont on devient facilement la proie. Il faut profondément méditer les erreurs,
commises avec tant de logique, pour éviter leur répétition et pour mettre la
pensée à l'épreuve. C'est pourquoi l'étude de Descartes est indispensable. On
voit chez lui la source et le commencement de ce qui, après lui, apparaît comme
l'ennemi héréditaire de la philosophie; et on les voit même là où on croit être
d'accord avec la vérité qui lui est propre. Descartes est une fatalité
historique dans ce sens et quiconque fait de la philosophie est obligé de
décider, chacun pour soi, de quelle manière il faut s'approprier Descartes.
Pour nous,
l'importance de ce philosophe résulte, en outre, du fait que même la manière de
l'attaquer traduit encore l'estime pour lui. Cette opposition, ainsi qu'on le sait,
est presque universelle; mais on n'est d'accord qu'en ce qui concerne le
négatif. Les motifs de cette opposition contre Descartes sont si hétérogènes
que ses adversaires luttent nécessairement entre eux-mêmes dès qu'ils luttent
contre lui. Grâce à Descartes, on peut parvenir à la clarté d'une philosophie
susceptible de combattre précisément les attaques erronées qui se dirigent
contre lui.
La philosophie postmoderne sert à désigner un ensemble de
discours et de travaux apparus en majorité dans les années 1960, surtout en
France. Cette appellation, héritée en particulier de la conception qu'une
époque avait de sa condition (postmodernité), et popularisée surtout par le
philosophe J. -F. Lyotard, regroupe des pensées qui développent une forte
critique de la tradition et de la rationalité propres à la modernité
occidentale, et qui proposent des manières nouvelles de questionner les textes
et l'histoire, influencées surtout par le marxisme, la critique
kierkegaardienne et nietzschéenne de la rationalité, la phénoménologie de
Husserl et de Heidegger, la psychanalyse de Freud et de Lacan, le
structuralisme de Lévi-Strauss, mais également par la linguistique et la
critique littéraire.
On inclut fréquemment derrière cette appellation les
philosophies de Foucault, de Deleuze et de Derrida, mais également de
Althusser, Castoriadis, Lyotard, Baudrillard, Guattari, Nancy, Lacoue-Labarthe
en France, Feyerabend, Cavell, Rorty, Butler, Ronell aux États-Unis et quelques
autres qui ont en commun une posture de critique et de méfiance, de liberté ou
alors de rupture vis-à-vis des traditions idéologiques de la modernité en
Occident. L'unité de ces pensées, comme le nom sous lequel on les regroupe,
soulève cependant de nombreux désaccords. Ainsi Foucault refusait pour sa
part l'appellation «postmoderne», se revendiquant plutôt de la modernité. Il est à souligner que la philosophie
postmoderne est fréquemment confondue à tort avec le postmodernisme qui est un
mouvement artistique.
L’idée principale de
l’existentialisme est que l’existence précède l’essence. Cela signifie
que les êtres humains n’ont pas de valeur avant leur existence : ni
valeur, ni bonté, ni but. Il n’y a pas de raison fondamentale de notre
existence. Au début, nous existons, puis nous devenons les êtres distincts. Le corollaire de
cette idée est que notre essence est déterminée par nos choix et nos
actes. Nous sommes des êtres libres, donc la façon dont nous agissons
montre vraiment qui nous sommes. Cette idée du choix est primordiale pour
Sartre. Il la souligne avec beaucoup d’insistance: nous sommes
responsables de nos actes, de nos choix, et réellement de ce que nous
sommes. Ceci explique pourquoi Sartre était si engagé politiquement, et
pourquoi dans ses dernières années, il est devenu plus activiste
qu’existentialiste. Une autre idée que Sartre développe est celle du
néant. Le néant est l’absence qui nous précède parce que nous n’avons pas
d’essence hors de l’action. Ce néant est la capacité de penser quelque
chose que nous ne croyons pas ; l’indépendance de nos pensées est cette
sorte de néant, connu sous le vocable de néant intimidant.
Pour les
existentialistes, il n’y a pas de Dieu ni de nature humaine. Nos
choix sont ce qui nous détermine, mais qui est-ce qui guide le monde ?
Pour les existentialistes, personne. Le monde est indifférent et
hostile. L’essence du monde est déterminée par hasard, et les actes du
monde sont aussi déterminés par hasard. À la fin, nous voyons le monde,
qui est souvent cruel, et nous, qui sommes indépendants et libres. La vie
est difficile en ce monde: nos actes doivent affronter le hasard, le hasard
indifférent qui règle le monde. Cette vie est absurde parce qu’elle est
dictée par hasard. Nous n’avons qu’un peu de pouvoir, et ce pouvoir n’est
rien contre le hasard de l’univers.
Définir l’existentialisme
S’il est un mot qui
semblait s’annoncer par lui-même sans erreur possible, affirme Emmanuel
Mounier, c’est bien celui d’existentialisme. Mais quand il quitte la société
des philosophes pour se lancer dans le monde, il va justement désigner une
vogue qui fait du néant l’étoffe de l’existence. Que doit-on entendre par
existentialisme chez les philosophes ? C’est la question qui nous met en
mouvement. Le souci de la simplicité et de la clarté guidera nos pas à la
rencontre des principaux acteurs de ce mouvement de pensée. Nous nous
contenterons d’introduire aujourd’hui au concept, dans l’espoir d’aborder
prochainement ce qu’on pourrait appeler les existentialismes.
L’existentialisme
est l’une des doctrines philosophiques les plus importantes de notre époque.
Il considère l’homme comme un être responsable de son destin : il
crée le sens et l’essence de son existence. L’existentialisme s’adosse à une
longue galerie d’ancêtres. Même si le concept est d’un emploi récent dans l’histoire
de la pensée, son objectif a été énoncé depuis l’antiquité grecque. Depuis
« le connais-toi toi-même » de Socrate, ou le message stoïcien de
l’affrontement de son propre destin, l’histoire de la philosophie a été
jalonnée d’une série de réveils existentialistes, qui ont été pour la pensée
autant de conversions à elle-même, de retours à sa mission originelle.
Cette philosophie
de l’homme porte sur trois grandes questions que sont l’action, la croyance et
l’existence. L’existentialisme français a connu un rayonnement particulier dans
le monde. Mais ses représentants sont tributaires de penseurs allemands comme
Edmund Husserl, Martin Heidegger, Karl Jaspers… A preuve, l’existentialisme de
Gabriel Marcel s’apparente à celle de Karl Jaspers, tandis que celui de Sartre
est proche de Heidegger. La phénoménologie a constitué une source d’inspiration
énorme pour l’existentialisme. Emmanuel Mounier définit l’existentialisme
« comme une réaction de la philosophie de l’homme contre les excès de
la philosophie des idées et de la philosophie des choses ». Cette
conception de l’existentialisme nous permet de scinder l’existentialisme en
deux principales branches : l’existentialisme athée de Heidegger et Sartre et
l’existentialisme chrétien dont Gabriel Marcel est le plus grand représentant.
L’on aurait pu leur ajouter une branche, celle de l’existentialisme marxiste,
mais il est plus commode de la rattacher aux athées car leur position dépend
largement de la doctrine de Karl Marx.
L’existentialisme spiritualiste et
L’existentialisme athée
Dans le courant athée,
Jean Paul Sartre a caractérisé l’existentialisme comme la doctrine d’après
laquelle « chez l’homme et chez l’homme seul, l’existence précède
l’essence » Pour lui, nous existons avant d’avoir une essence
déterminée, c’est-à-dire avant d’être ceci ou cela, gentil ou opiniâtre, par
exemple. De plus, l’existentialisme en tant qu’un humanisme n’est pas autre chose
qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une position athée cohérente.
Cette définition est dans une certaine mesure propre à Jean-Paul Sartre mais
elle permet de fixer quelques caractéristiques générales (communes) de
l’existentialisme.
Cette philosophie considère l’homme existant, dans
sa réalité concrète, en situation dans le monde, et non l’essence
générale de l’homme et la nature humaine qui ne sont que des
abstractions. De ce point de vue, l’existentialisme s’oppose à la science
qui n’a pour objet que le général. L’existentialisme étudie l’homme
concret en situation et en devenir.
L’existentialisme est aussi particulièrement
sensible aux expériences tragiques d’inquiétude, d’échec, de mort, à
travers lesquelles nous opérons la saisie de notre existence.
Tandisqu’au sein du courant existentialiste chrétien, il y a une philosophie proprement existentielle. On peut distinguer les existentialistes spiritualistes et les existentialistes essentialistes qui proclament la primauté de l’essence sur l’existence. La philosophie des spiritualistes est « existentielle », plutôt qu’existentialiste, en ce sens que leur mentalité est existentialiste mais leur doctrine existentielle. Dans le courant existentialiste, la tendance la plus spiritualiste est celle de Gabriel, et la plus essentialiste est défendue par Louis Lavelle. Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue "Esprit milita" pour le personnalisme, peut être rapproché des spiritualistes. Ce système philosophique particulier peut se considérer comme le fond commun de tous les existentialismes qui reconnaissent la valeur inaliénable de la personne humaine.
En général,
existentialisme et essentialisme se comportent en frères ennemis. N’est-il pas
possible d’envisager entre eux un rapport sans l’idée de prééminence de
l’un sur l’autre ? Pour mieux comprendre les courants existentialistes, il faut
saisir comment ils conçoivent l’existence.