lundi 26 mai 2014

Existentialisme et Philosophie postmoderne

Si le chemin qui mène à la vraie philosophie ne peut être parcouru sans que l'on ait surmonté l'erreur fondamentale, et si celui qui ne s'en est pas consciemment débarrassé retombe toujours à nouveau dans cette erreur, l'œuvre de Descartes durera à jamais, bien qu'on en ait découvert les dessous. Il faut connaître cette œuvre pour faire de la philosophie, autrement on ne serait pas protégé contre ces illusions et ces apparences si séduisantes dont on devient facilement la proie. Il faut profondément méditer les erreurs, commises avec tant de logique, pour éviter leur répétition et pour mettre la pensée à l'épreuve. C'est pourquoi l'étude de Descartes est indispensable. On voit chez lui la source et le commencement de ce qui, après lui, apparaît comme l'ennemi héréditaire de la philosophie; et on les voit même là où on croit être d'accord avec la vérité qui lui est propre. Descartes est une fatalité historique dans ce sens et quiconque fait de la philosophie est obligé de décider, chacun pour soi, de quelle manière il faut s'approprier Descartes.

 Pour nous, l'importance de ce philosophe résulte, en outre, du fait que même la manière de l'attaquer traduit encore l'estime pour lui. Cette opposition, ainsi qu'on le sait, est presque universelle; mais on n'est d'accord qu'en ce qui concerne le négatif. Les motifs de cette opposition contre Descartes sont si hétérogènes que ses adversaires luttent nécessairement entre eux-mêmes dès qu'ils luttent contre lui. Grâce à Descartes, on peut parvenir à la clarté d'une philosophie susceptible de combattre précisément les attaques erronées qui se dirigent contre lui.
La philosophie postmoderne sert à désigner un ensemble de discours et de travaux apparus en majorité dans les années 1960, surtout en France. Cette appellation, héritée en particulier de la conception qu'une époque avait de sa condition (postmodernité), et popularisée surtout par le philosophe J. -F. Lyotard, regroupe des pensées qui développent une forte critique de la tradition et de la rationalité propres à la modernité occidentale, et qui proposent des manières nouvelles de questionner les textes et l'histoire, influencées surtout par le marxisme, la critique kierkegaardienne et nietzschéenne de la rationalité, la phénoménologie de Husserl et de Heidegger, la psychanalyse de Freud et de Lacan, le structuralisme de Lévi-Strauss, mais également par la linguistique et la critique littéraire.

On inclut fréquemment derrière cette appellation les philosophies de Foucault, de Deleuze et de Derrida, mais également de Althusser, Castoriadis, Lyotard, Baudrillard, Guattari, Nancy, Lacoue-Labarthe en France, Feyerabend, Cavell, Rorty, Butler, Ronell aux États-Unis et quelques autres qui ont en commun une posture de critique et de méfiance, de liberté ou alors de rupture vis-à-vis des traditions idéologiques de la modernité en Occident. L'unité de ces pensées, comme le nom sous lequel on les regroupe, soulève cependant de nombreux  désaccords. Ainsi Foucault refusait pour sa part l'appellation «postmoderne», se revendiquant plutôt de la modernité.  Il est à souligner que la philosophie postmoderne est fréquemment confondue à tort avec le postmodernisme qui est un mouvement artistique.

L’idée principale de l’existentialisme est que l’existence précède l’essence.  Cela signifie que les êtres humains n’ont pas de valeur avant leur existence : ni valeur, ni bonté, ni but.  Il n’y a pas de raison fondamentale de notre existence. Au début, nous existons, puis nous devenons les êtres distincts. Le corollaire de cette idée est que notre essence est déterminée par nos choix et nos actes.  Nous sommes des êtres libres, donc la façon dont nous agissons montre vraiment qui nous sommes.  Cette idée du choix est primordiale pour Sartre.  Il la souligne avec beaucoup d’insistance: nous sommes responsables de nos actes, de nos choix, et réellement de ce que nous sommes.  Ceci explique pourquoi Sartre était si engagé politiquement, et pourquoi dans ses dernières années, il est devenu plus activiste qu’existentialiste. Une autre idée que Sartre développe est celle du néant.  Le néant est l’absence qui nous précède parce que nous n’avons pas d’essence hors de l’action.  Ce néant est la capacité de penser quelque chose que nous ne croyons pas ; l’indépendance de nos pensées est cette sorte de néant, connu sous le vocable de néant intimidant.

Pour les existentialistes, il n’y a pas de Dieu ni de nature humaine.   Nos choix sont ce qui nous détermine, mais qui est-ce qui guide le monde ? Pour les existentialistes, personne.  Le monde est indifférent et hostile.  L’essence du monde est déterminée par hasard, et les actes du monde sont aussi déterminés par hasard. À la fin, nous voyons le monde, qui est souvent cruel, et nous, qui sommes indépendants et libres.  La vie est difficile en ce monde: nos actes doivent affronter le hasard, le hasard indifférent qui règle le monde.  Cette vie est absurde parce qu’elle est dictée par hasard.  Nous n’avons qu’un peu de pouvoir, et ce pouvoir n’est rien contre le hasard de l’univers.
 
 Définir l’existentialisme
 
S’il est un mot qui semblait s’annoncer par lui-même sans erreur possible, affirme Emmanuel Mounier, c’est bien celui d’existentialisme. Mais quand il quitte la société des philosophes pour se lancer dans le monde, il va justement désigner une vogue qui fait du néant l’étoffe de l’existence. Que doit-on entendre par existentialisme chez les philosophes ? C’est la question qui nous met en mouvement. Le souci de la simplicité et de la clarté guidera nos pas à la rencontre des principaux acteurs de ce mouvement de pensée. Nous nous contenterons d’introduire aujourd’hui au concept, dans l’espoir d’aborder prochainement ce qu’on pourrait appeler les existentialismes.

L’existentialisme est l’une des doctrines philosophiques les plus importantes de notre époque.  Il considère l’homme comme un être responsable de son destin : il crée le sens et l’essence de son existence. L’existentialisme s’adosse à une longue galerie d’ancêtres. Même si le concept est d’un emploi récent dans l’histoire de la pensée, son objectif a été énoncé depuis l’antiquité grecque. Depuis « le connais-toi toi-même » de Socrate, ou le message stoïcien de l’affrontement de son propre destin, l’histoire de la philosophie a été jalonnée d’une série de réveils existentialistes, qui ont été pour la pensée autant de conversions à elle-même, de retours à sa mission originelle.
Cette philosophie de l’homme porte sur trois grandes questions que sont l’action, la croyance et l’existence. L’existentialisme français a connu un rayonnement particulier dans le monde. Mais ses représentants sont tributaires de penseurs allemands comme Edmund Husserl, Martin Heidegger, Karl Jaspers… A preuve, l’existentialisme de Gabriel Marcel s’apparente à celle de Karl Jaspers, tandis que celui de Sartre est proche de Heidegger. La phénoménologie a constitué une source d’inspiration énorme pour l’existentialisme. Emmanuel Mounier définit l’existentialisme « comme une réaction de la philosophie de l’homme contre les excès de la philosophie des idées et de la philosophie des choses ». Cette conception de l’existentialisme nous permet de scinder l’existentialisme en deux principales branches : l’existentialisme athée de Heidegger et Sartre et l’existentialisme chrétien dont Gabriel Marcel est le plus grand représentant. L’on aurait pu leur ajouter une branche, celle de l’existentialisme marxiste, mais il est plus commode de la rattacher aux athées car leur position dépend largement de la doctrine de Karl Marx.
 
L’existentialisme spiritualiste et L’existentialisme athée
 
Dans le courant athée, Jean Paul Sartre a caractérisé l’existentialisme comme la doctrine d’après laquelle « chez l’homme et chez l’homme seul, l’existence précède l’essence » Pour lui, nous existons avant d’avoir une essence déterminée, c’est-à-dire avant d’être ceci ou cela, gentil ou opiniâtre, par exemple. De plus, l’existentialisme en tant qu’un humanisme n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une position athée cohérente. Cette définition est dans une certaine mesure propre à Jean-Paul Sartre mais elle permet de fixer quelques caractéristiques générales (communes) de l’existentialisme.
 
    • L’existentialisme est une philosophie centrée sur l’homme et non sur le monde matériel (comme la philosophie des présocratiques ou de Descartes) ou encore sur Dieu considéré comme le fondement de toute réalité et de toute vérité.
    • Cette philosophie considère l’homme existant, dans sa réalité concrète, en situation dans le monde, et non l’essence générale de l’homme et la nature humaine qui ne sont que des abstractions. De ce point de vue, l’existentialisme s’oppose à la science qui n’a pour objet que le général. L’existentialisme étudie l’homme concret en situation et en devenir.
    • Le courant existentialiste est aussi une philosophie de la liberté tenue pour la caractéristique fondamentale de l’homme. Les autres vivants sont prédéterminés dans leur germe par rapport à ce qu’ils seront. Mais l’homme ne peut être empêché de se déterminer par son hérédité ou par l’action de son milieu.
    • L’existentialisme est aussi particulièrement sensible aux expériences tragiques d’inquiétude, d’échec, de mort, à travers lesquelles nous opérons la saisie de notre existence.
     
Tandisqu’au sein du courant existentialiste chrétien, il y a une philosophie proprement existentielle. On peut distinguer les existentialistes spiritualistes et les existentialistes essentialistes qui proclament la primauté de l’essence sur l’existence. La philosophie des spiritualistes est « existentielle », plutôt qu’existentialiste, en ce sens que leur mentalité est existentialiste mais leur doctrine existentielle. Dans le courant existentialiste, la tendance la plus spiritualiste est celle de Gabriel, et la plus essentialiste est défendue par Louis Lavelle. Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue "Esprit milita" pour le personnalisme, peut être rapproché des spiritualistes. Ce système philosophique particulier peut se considérer comme le fond commun de tous les existentialismes qui reconnaissent la valeur inaliénable de la personne humaine.
 
En général, existentialisme et essentialisme se comportent en frères ennemis. N’est-il pas possible d’envisager entre  eux un rapport sans l’idée de prééminence de l’un sur l’autre ? Pour mieux comprendre les courants existentialistes, il faut saisir comment ils conçoivent l’existence.

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